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CLAIR PARIS a été créé en octobre 1990 pour représenter les collectivités locales japonaises en France.

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【Interview】David Assouline : « mobiliser tous les territoires autour de la dynamique des JO de Paris, une opportunité de développement local »

Une délégation du groupe interparlementaire d’amitié France-Japon, conduite par Monsieur David Assouline, vice-président du Sénat et président du Groupe interparlementaire d’amitié France-Japon, s’est rendue au Japon en avril dernier. L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo en 2020, et de Paris en 2024 a été l’une des grandes questions abordées au cours de sa mission. La délégation a rencontré à ce titre des hauts responsables japonais des JO, et elle a effectué des visites à Tokyo et à Yamanashi, département situé à l’ouest de la capitale. Monsieur Jun Hajiro, directeur de CLAIR Paris, a rencontré Monsieur Assouline pour recueillir ses observations sur les préparatifs des Jeux au Japon et ses réflexions sur les enjeux pour les collectivités territoriales.

Quels étaient le contexte et l’objet du voyage au Japon de la délégation du groupe interparlementaire d’amitié France-Japon d’avril dernier ?

La spécificité du Sénat français réside dans la représentation des collectivités territoriales. Aussi notre regard se porte sur l’application de la loi et sur les politiques publiques locales dans tous les domaines. L’objet du voyage de la délégation était d’entretenir les relations interparlementaires avec le Japon, mais la thématique principale de notre déplacement était l’échange d’expériences sur l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. En effet, même s’il s’agit des JO de Tokyo, puis de Paris, l’organisation des JO représente un enjeu national, et les collectivités y jouent un rôle primordial. Pour qu’il y ait un élan national, il faut associer l’ensemble des territoires aux Jeux, aussi bien à l’organisation des compétitions qu’à l’accueil des délégations. C’est d’ailleurs aujourd’hui au Sénat qu’est lancé « Terre de Jeux 2024 », label destiné aux collectivités territoriales qui souhaitent participer aux JO de Paris.

Pourriez-vous nous présenter vos rencontres et votre visite à Yamanashi autour de la thématique des JO ?

Nous avons rencontré notamment le ministre chargé des JO, et le président du Comité d’organisation des JO, qui est un ancien ministre. Nous nous sommes également entretenus avec le gouverneur de Tokyo et le gouverneur de Yamanashi. Portant un grand intérêt pour la mobilisation des territoires pour l’organisation des Jeux, nous voulions visiter une autre collectivité locale que Tokyo. Notre choix s’est porté sur le département de Yamanashi, car plusieurs équipes de France, l’équipe de cyclisme et celle de handball, entre autres, établiront leur camp d’entraînement dans ses communes. En plus, lors de notre visite à Yamanashi, l’équipe de France de rugby à sept féminine s’entraînait déjà dans la ville de Fujiyoshida. La qualité des installations d’entraînement situées au pied du Mont Fuji et la qualité de l’accueil, qui sont exceptionnelles, sont beaucoup appréciées par l’équipe de rugby. C’est un exemple de participation d’une collectivité locale à un grand événement national.

Ce que vous avez observé au cours du voyage vous a-t-il inspiré pour l’organisation des Jeux de Paris 2024 ?

Pour les Jeux de Paris, c’est le Japon qui transmettra la flamme olympique à la France. La flamme sera également le symbole de l’expérience de l’organisation des JO, qui intègre le respect de l’environnement et de l’éthique sportive. Quand on organise un événement de telle envergure, il faut être exemplaire. Il est aussi important de susciter de l’intérêt pour les JO de tous les territoires, urbains et ruraux, car c’est une opportunité pour élaborer des projets de territoires et de réaliser de nouveaux investissements. Par exemple, pour que l’équipe de France de cyclisme puisse s’entraîner bien à Yamanashi, les routes doivent être en bon état. L’aménagement routier réalisé à l’occasion des JO permettra une bonne organisation des compétitions cyclistes, et les habitants du Département pourront, eux aussi, en bénéficier. Des places d’hébergement créées pour l’accueil des visiteurs ou des délégations des JO serviront au développement touristique. Le budget ne peut pas être utilisé pour la construction d’équipements qui seraient laissés à l’abandon et qui creuseraient le déficit. L’investissement doit être fait pour la population locale.

Et la France, où en est-elle aujourd’hui avec l’organisation des JO de 2024 ? Au Japon, dans le cadre du Programme « Villes japonaises amies des JO », les collectivités volontaires, comme Fujiyoshida, s’associent aux Jeux pour l’accueil des délégations afin de favoriser les échanges avec des sportifs internationaux, et promouvoir ainsi leur territoire. Ce programme pourrait-il inspirer les collectivités françaises ?

Oui, très certainement. Pour notre part, dès le début, des efforts ont été déployés pour associer l’ensemble des territoires au projet de candidature de Paris aux Jeux de 2024, et surtout les collectivités de grande taille. Par exemple, Marseille, ville ouverte vers la Méditerranée, accueillera les épreuves de voile. Par ailleurs il existe déjà des régions qui se sont positionnées comme région d’accueil de centres d’entraînement. C’est le cas de la Normandie et des Hauts-de-France. La région Île-de-France, composée de 8 départements et qui compte 12 millions d’habitants, est bien sûr la plus sollicitée pour l’organisation. Chaque région a sa particularité et est appelée à présenter des projets et à participer à cet élan. Le label « Terre de Jeux 2024 » lancé au Sénat aujourd’hui permet aux collectivités locales de se mobiliser pour la réussite des JO et de s’engager dans leurs propres projets de développement. Comme nous avons encore 5 ans pour préparer l’événement, nous identifierons les points forts et les points faibles des JO de Tokyo 2020, pour en tirer des leçons.

D’après vous, quels sont les défis à relever dans l’organisation des JO de Tokyo ?

En discutant avec le ministre et le gouverneur, j’ai appris que la construction de nombreux équipements était prévue. Notre modèle est différent. Les compétitions des Jeux de Paris seront organisées dans des équipements existants, et un centre aquatique pour les épreuves de natation reste à construire. Au Japon, les villages olympiques étaient encore en construction lors de ma visite, mais l’aménagement des infrastructures sera achevé à temps. En revanche, je me suis interrogé sur la question des transports. C’est un enjeu très important. Comment acheminer rapidement plusieurs milliers de personnes vers les stades sans paralyser la vie quotidienne des habitants ? Cette question relève des politiques publiques locales. Les JO de Tokyo doivent constituer pour les habitants un moment fort et une opportunité qui rend leur vie meilleure, mais pas un moment de sacrifice de leur vie quotidienne. La question des transports a été très difficile à gérer pour Londres et les autres villes hôtes. A Paris, nous sommes très attentifs à cette question liée au développement durable. C’est aussi une question de sécurité, car pendant les JO, les installations sportives pourraient être les cibles d’un acte terroriste. Tout cela représente des enjeux pour les collectivités territoriales.

Propos recueillis par Jun Hajiro

 

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Monsieur David Assouline, vice-président du Sénat et président du Groupe interparlementaire d’amitié France-Japon

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Messieurs Assouline et Hajiro après l'entrevue